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Editions Arfuyen
Vers le milieu du XVIe siècle vivaient à Cologne deux amis:
«Ensemble ils avaient vécu plusieurs années sous la direction d’un saint vieillard, Nicolas Eschius; ensemble, ils s’étaient nourris de la plus pure doctrine des maîtres de la vie spirituelle; ensemble, ils s’étaient essayés, croyons-nous, aux premiers grands travaux, en recueillant et en mettant en ordre les manuscrits conservés sous le nom de Tauler.»
Ce sont ces deux amis, Pierre Canisius et Laurent Surius, qui mettent au point la grande édition des œuvres de Tauler qui sera la référence de toutes les éditions ultérieures. On tient aujourd’hui pour assuré que l’ensemble des textes ajoutés par eux à cette édition ne sont pas de la main de Tauler. Mais peut-on dire vraiment que les 84 sermons considérés comme authentiques soient eux-mêmes «de la main de Tauler»? Ne sont-ils pas eux-mêmes des collationes, c’est-à-dire des notes prises par des auditeurs?
Dès l’origine, l’entourage de Tauler a pris une part active dans son œuvre, même pour ce qui est sa part la plus authentique. Ce même entourage, qui a conservé le texte des sermons, a élaboré aussi dans le rayonnement spirituel de Tauler tout un ensemble de textes qui, sans être du Maître, témoignent souvent avec la plus grande justesse de sa doctrine et de sa sensibilité.
Le traducteur des œuvres de Tauler dans l’édition de Surius, le Père E.-Pierre Noël, dominicain, citait malicieusement un propos du grand érudit dominicain le P. Henri Denifle, en préface à l’un de ses livres sur les mystiques rhénans: «On cherche spontanément, pour ne pas dire avec curiosité, qui a dit la chose et l’on s’inquiète peu de ce qui est dit. Et cependant, l’avertissement de l’Imitation de Jésus Christ, sur cette manière de lire, n’est-il pas toujours plein de justesse: “Ne cherchez pas qui a dit cela, mais occupez-vous de ce qui est dit.”»
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Poids | 0.175 kg |
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Dimensions | 18 × 12 × 1.3 cm |
ISBN | 978-2845900134 |
Date de parution | 2002 |
Nombre de pages | 118 |
Les Cantiques spirituels
(extraits)
De la nudité intérieure et de l’abandon que nous devons faire
de nous-mêmes et de toutes choses
Il me plaît de chanter à nouveau la nudité intérieure.
La vraie pureté est exempte de pensées.
Il n’y a plus de pensée, là où il n’y a plus rien de mien.
Je suis réduit à rien.
Quand on est arrivé à la nudité d’esprit, il n’y a plus de souci à avoir.
Nul mal ne saurait désormais me troubler.
Je me délecte tellement dans la pauvreté que je ne puis plus m’occuper des choses et des images qui m’entourent.
Que dis-je? Le moi ne m’appartient plus, j’en suis dégagé, je suis libre.
Je suis réduit à rien.
Quand on est arrivé à la nudité d’esprit, il n’y a plus de souci à avoir.
Comment me suis-je délivré des images, me demandez-vous?
Cela s’est fait quand j’ai trouvé en moi la véritable unité.
Mais qu’est-ce que la véritable unité?
C’est quand rien ne m’a ému, ni l’adversité, ni le bonheur. (…)
Je suis réduit à rien.
Or, cet éblouissement m’a donné des forces sans mesure, car j’avais pénétré Tout.
En sa présence je ne puis pas vieillir.
Ma jeunesse, comme celle de l’aigle, se renouvelle sans cesse;
tellement toutes mes puissances ont été éteintes et englouties.