« Ceux qui ont connu
Émile Besson se souviendront toujours du petit homme à la voix claire, de son visage émacié, mangé par des yeux d’un insoutenable gris bleu. Le chapeau, le vêtement, la barbiche étaient d’un autre temps : le regard, du nôtre, ou plutôt d’un temps idéal apparenté à l’éternel. » M. R.
« Fils aîné d’une famille de six enfants, de condition modeste – son père était instituteur – [il] vint au monde à Paris le 30 juin 1885.
Il fit ses études secondaires au lycée Condorcet, où il eut [entre autres] comme collègue : Louis Farigoule, qui prit ensuite le pseudonyme de Jules Romains (…) et pour professeur de philosophie Alain (…) Il fit ensuite des études supérieures de lettres (il assista à des cours d’Henri Bergson), puis de théologie à Genève.
Peu de temps après, il fit la connaissance de Sédir et de sa femme Alice [vers 1913] et, en 1919, il devint son plus proche collaborateur, après avoir travaillé à ses côtés pendant toute la guerre de 1914-1918, au service des renseignements sur les prisonniers (…)
Secrétaire général des Amitiés Spirituelles, fondées officiellement en 1920, et rédacteur en chef du Bulletin depuis septembre 1919, il assuma ses fonctions avec un zèle inlassable (…)
Alors que rien ne le préparait au métier de paysan, il avait quitté paris en août 1926 pour devenir cultivateur et vigneron à L’Arbresle, dans les Monts du Lyonnais. Il répondait ainsi à l’appel de Monsieur Chapas, le “caporal”, qui avait été le plus fidèle disciple de Monsieur Philippe (…) Tout en continuant son travail spirituel et en y consacrant de longues heures de ses nuits, tout en poursuivant des voyages à paris et dans plusieurs villes de France, Émile Besson accomplit avec ténacité les tâches de la terre, aidé en cela par son épouse, non moins courageuse que lui dans son adaptation à ce mode de vie nouveau pour elle aussi. » J. S.
« J’allais le voir une fois sous le ciel gris de l’occupation. Il trimait sur son petit domaine ingrat pour nourrir les siens et je vis le spectacle inattendu d’un Besson essayant d’entraîner une vache au pré. Lecteur, je ne sais si tu t’es jamais mêlé de vaches : c’est gros et fort, capricieux, difficile à diriger et plus encore à freiner ! Le frêle Besson n’emmenait pas la vache : c’était plutôt la vache qui l’emmenait (…)
Le courage d’Émile Besson, ce fut à Dieu de le mesurer, mais Il aura dû prendre son plus grand mètre. Courage de ses nombreux voyages et répétés, des réunions où il parla jusqu’au bout (…) Courage de sa correspondance avec laquelle il réchauffa tant de cœurs bousculés, trouvant toujours le mot juste et personnel (…) » M. R.
Source: introductions de Marcel Renébon et Jacques Sardin à
La Charité, ouvrage composé par E. B. en puisant dans l’œuvre abondante de Sédir les pages consacrées à la charité.