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Médecin et alchimiste, né à Rindsberg, près de Kiel, Michael Maier (1566-1622) obtint le doctorat de médecine à Rostock, où il vécut avant de s’installer à Prague à la cour de Rodolphe II, dont il devint le médecin personnel et le secrétaire particulier. Maier fait donc partie de ces nombreux alchimistes et hermétistes qui trouvèrent en cet empereur un prince protecteur et un mécène partageant leur intérêt pour les sciences secrètes. À la mort de Rodolphe II (1612), il s’attacha comme médecin au landgrave Maurice de Hesse, lui aussi préoccupé d’alchimie ; ces fonctions ne l’empêchèrent pas de se rendre en Angleterre dès 1612, où il connut probablement Robert Fludd et se lia avec le disciple de Paracelse, Francis Anthony. Il semble que la venue de Maier en Angleterre ait eu pour but d’inciter le roi Jacques Ier à soutenir son gendre Frédéric, l’électeur palatin, dans ses prétentions à conserver le trône de Bohême ; en effet, Frédéric s’apprêtait à suivre les traces de Rodolphe II, aussi bien en politique qu’en «philosophie».
Maier finit ses jours à Magdebourg, après avoir publié environ vingt ouvrages de caractère hermétique. Quelques-uns (Silentium post clamores, 1617 ; Themis aurea, 1617-1618) font partie de la littérature apologétique ou polémique suscitée par les manifestes rosicruciens de Tübingen ; mais Maier reste l’un des plus grands écrivains ésotérisants d’Occident grâce à des livres hautement symboliques, d’une grande poésie, agrémentés de superbes gravures hermétiques : ainsi, Atalanta fugiens (Oppenheim, 1618), Cantilenae intellectuales de Phoenice redivivo (Rome, 1622). L’Atalante fugitive surtout, plusieurs fois rééditée et traduite, apparaît comme l’une des plus sûres introductions à l’ésotérisme alchimique occidental.
— Antoine FAIVRE, Universalis